DSIH – L’efficience et le numérique au cœur des échanges

DSIH n°45 – Mai 2019. Par Pierre DERROUCH
Les 4 et 5 avril 2019, à Deauville, à l’occasion de ses 9èmes journées, le SIB a réuni ses adhérents et partenaires au Palais des congrès de Deauville. Deux jours pour découvrir les solutions du groupement d’intérêt public et leur mise en œuvre dans les établissements de santé, au travers de retours d’expérience. Deux jours qui ont également permis aux participants de prendre un peu de recul avec des conférences consacrées à l’efficience du numérique dans les structures de soins et plus largement dans le service public.

Edition après édition, le succès des journées des adhérents du SIB ne se dément pas. Plus de 350 personnes ont répondu à l’appel, pour ces rencontres placées sous le signe de la transformation numérique et de son efficience. Une explication à cet intérêt : le SIB est l’un des rares acteurs du marché à développer et pro-poser des solutions et services numériques sur l’ensemble des domaines de la santé. Le SIB qui a fusionné avec le GIP e-Sis basé dans les Hauts-de-France peut se prévaloir de nombreuses expertises métiers, fonctionnelles et techniques dans le domaine de la santé mais désormais également auprès des collectivités. Il accompagne en effet les collectivités locales et territoriales dans les étapes de transition numérique. En témoigne, par exemple, la présentation à Deauville du Syndicat mixte Mégalis Bretagne pour l’hébergement par le SIB de plusieurs services. Cette structure de coopération rassemblant les collectivités territoriales bretonnes a notamment confié au SIB le service régional d’archivage électronique à valeur probatoire, l’hébergement du système d’information géographique, de son portail documentaire ou encore de sa gestion électronique de documents. Les services et solutions du SIB pour les collectivités trouvent naturellement leur place dans l’accompagnement de la transformation des systèmes d’information des établissements de santé, qui partagent une même culture de service public. Au total, ce sont vingt-cinq ateliers, une dizaine de démonstrations flash et une exposition avec une trentaine de stands qui attendaient les participants, ainsi que deux conférences plénières.

Prendre le temps

C’est Daniel Sibony, psychanalyste, philosophe et « digital actif» (il possède sa propre chaîne YouTube) qui était le grand témoin de la première conférence jeudi 4 avril. Ce non-professionnel de la santé est venu faire partager ses réflexions sur le rapport au temps. Ce temps après lequel nous courons sans cesse, celui qui manque pour s’épanouir dans son activité professionnelle. Des réflexions nourries par son immersion récente dans le service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Bichat à Paris, auprès des transplantés et insuffisants cardiaques. Daniel Sibony a rappelé combien ces patients étaient demandeurs d’un temps de parole, pour verbaliser leur vécu, soulignant que le cœur n’était pas victime des émotions mais du… contrecœur. Raison pour laquelle il invite à  laisser s’exprimer la « part de génie» de chacun dans le quotidien professionnel, dans une dynamique d’échange et de respect mutuel. C’est l’addition de ces temps et non leur confrontation pour cause de grilles de lecture différentes qui fait la richesse des actes hospitaliers au quotidien. C’est assurément une des clefs pour permettre à  la transformation numérique de prendre sens et corps dans un contexte bousculé par le manque de temps, des finances tendues et des carences de dialogue. Un regard décalé salutaire pour des professionnels du secteur de la santé qui n’ont pas toujours le temps de se poser.

Le numérique comme facteur d’amélioration du service public

Vendredi 5 avril matin, trois experts du numérique étaient conviés à faire part de leur expérience et de leurs propositions sur l’utilisation des nouvelles technologies pour rendre le service public plus efficient : Marc Vaneeckhoutte, DSI du département du Nord, Pierre Pezziardi, entrepreneur en résidence pour l’incubateur de Startups d’Etat beta.gouv.fr au sein de la DINSIC1 et Enguerrand Habran, directeur du fonds FHF Recherche et innovation.
Aujourd’hui, quand on parle transformation numérique, on brandit le terme d’agilité. Un mot magique, comme le qualifie Marc Vaneeckhoutte, souvent galvaudé. « Si le numérique a permis d’importants progrés, il a aussi conduit à  des « tragédies » de l’exécution dont le dossier médical personnalisé », souligne Pierre Pezziardi qui se méfie de ce terme. Il évoque également le système de T2A, chronophage, qui absorbe 5 à 10 % de l’activité hospitalière. La question n’est pas tant de savoir si le numérique favorise l’efficience que de savoir comment apporter de l’efficience. Pour Enguerrand Habran, « il faut travailler sur l’organisation et animer l’innovation, en la basant sur l’usage, le numérique n’étant qu’un outil ». Tous trois se sont retrouvés sur un point : le numérique ne peut être un facteur d’amélioration de l’expérience des usagers qu’à la seule condition d’accompagner ces derniers dans la transition. Et contrairement à une idée récurrente, le numérique n’est pas déshumanisant quand il prend cette condition en considération. Dans le domaine des soins, bien intégré et organisé, il doit contribuer à optimiser le temps de l’empathie dans la prise en charge.

Le GHAT signe une convention en direct des journées du SIB

Les 9èmes journées des adhérents du SIB ont été marquées par un autre temps fort. Ce même vendredi, sous la coupole du Palais des congrès, le Groupement hospitalier Artois-Ternois (GHAT) et le SIB ont officialisé un partenariat pour l’implantation du DPI Sillage. Le GHAT regroupe 3 structures de soins : le Centre hospitalier d’Arras, établissement support, le Centre hospitalier de Bapaume et le Centre hospitalier du Ternois. Devant renouveler un DPI obsolète, le CH d’Arras a retenu le DPI Sillage du SIB. « Le DPI Sillage présente pour nous l’avantage de ne pas être une solution intégrative », a indiqué Pierre Bertrand, directeur général de l’établissement lors de la signature du partenariat. À cette occasion, le GHAT a confié au SIB l’hébergement des données du DPI. La gestion de l’agenda et des rendez-vous doit être déployée sur le CH d’Arras d’ici l’automne 2019. « Les premiers services seront équipés à partir du début de l’année 2020, avec un déploiement complet sur tout le CH d’ici la fin 2020. L’implantation du DPI dans les centres hospitaliers du Ternois et Bapaume se fera en 2021 », a annoncé Hélène Deruddre, directrice numérique et marketing du GHAT.