DSIH – Le SIB en pleine croissance, prêt à relever les prochains défis du numérique en santé

Au cours des dernières années, l’activité du SIB n’a cessé de croître. La crise sanitaire actuelle n’a fait qu’accélérer les besoins numériques des établissements de santé, déjà anticipés par le SIB dans son offre. Comment, dans un écosystème en pleine mutation, le groupement d’intérêt public s’organise-t-il pour être aux rendez-vous présents et futurs du numérique en santé ? Le point avec Olivier Morice-Morand, directeur général du SIB.

Comment le SIB a-t-il réussi à traverser la crise sanitaire du Sars-Cov-2 ? Quels enseignements tirez-vous de cette épreuve, pour vous comme pour vos adhérents ?

Quand la France est entrée en confinement à compter du 17 mars 2020, le SIB a fait basculer 99 % de ses collaborateurs en télétravail en 24 heures, grâce à ses équipes techniques. La pratique du télétravail depuis 2017 nous a particulièrement aidés dans cette période.
Pour nos adhérents, nous avons fait en sorte de maintenir l’ensemble des prestations et services que nous fournissons habituellement. Plusieurs d’entre eux nous ont d’ailleurs rapporté en vidéo que la bascule en distanciel des services délivrés, le support notamment, avait été totalement transparente pour eux. Mobilisés par leur réorganisation due à l’épidémie, les établissements de santé ont, de fait, mis en sommeil la plupart des projets SI pendant le premier confinement. Nous les avons également accompagnés sur de nouveaux outils pour faciliter les prises en charge des patients atteints par le virus ou réaliser le suivi des activités Covid permettant de remonter ces informations aux instances régionales, par exemple.
Le SIB a également fait évoluer certaines pratiques. Nous considérions que la réalisation au SIB de certaines maintenances sensibles de nuit était incontournable. Dans cette période marquée par des déplacements nocturnes difficiles, nous avons testé et validé la possibilité de les accomplir à distance. Le télétravail est désormais une pratique largement approuvée par nos collaborateurs. S’ils étaient 60 % à y recourir avant la crise, 85 % d’entre eux sont aujourd’hui favorables à ce mode d’organisation au moins deux ou trois journées par semaine. Nous avons également tenu à maintenir le lien en gardant en distanciel le maximum d’événements prévus. Les retours d’expérience des Mardis du SIB ont permis à une dizaine de clients de partager, avec leurs homologues, leurs expériences sur leurs projets en juin dernier.

Quand la crise a démarré, le SIB avait déjà entrepris une transformation marquée par le rapprochement avec le GIP e-SIS en 2018 ? La crise a-t-elle mis un frein à cette transformation ?

La fusion juridique avec le GIP e-SIS a eu lieu en avril 2019. Toute l’année 2019, nous avons travaillé avec nos collaborateurs, nos managers et les représentants du personnel pour arriver à un projet de transformation de 18 mois qui devait débuter le 2 janvier 2020. Ce projet impliquait la refonte complète de notre organisation. Notre projet d’entreprise repose sur des axes structurants tels que le renforcement de l’orientation client et de l’innovation, la structuration de la roadmap et l’industrialisation de notre offre, tout en tenant compte des évolutions du contexte du numérique en santé. Ainsi, avec la progression de la convergence des SI dans les groupements hospitaliers de territoire et la mise en œuvre de la feuille de route du numérique en santé pilotée par Dominique Pon et Laura Létourneau, nous devions nous doter à la fois d’une direction des opérations, d’une direction de la stratégie, de l’offre, de l’innovation et de la relation client ainsi que d’une direction commerciale et marketing. Quand la crise est survenue, nous avons décidé de poursuivre ce projet de transformation et, malgré les contraintes de cette période, nous avons réussi à mener à son terme cette transformation organisationnelle majeure.

Quels sont les bénéfices de cette transformation pour les adhérents du SIB ?

Le premier bénéfice est de permettre au SIB de vivre sa croissance, gage de pérennité et donc de continuité des services pour les établissements de santé et les collectivités que nous accompagnons. Lorsque j’ai pris la direction générale du SIB, en janvier 2010, le SIB comptait à peine 200 collaborateurs, contre plus de 350 aujourd’hui. La modification budgétaire intervenue en juin va permettre d’atteindre un effectif de près de 450 personnes d’ici à la fin de l’année. C’est le nombre prévu dans notre projet d’entreprise, mais avec deux ans d’avance ! Le SIB est donc entré dans une phase active de recrutement à Rennes et à Lille. La transformation de notre organisation avec une structuration renforcée des activités au sein de nouvelles directions et équipes était nécessaire pour accompagner notre forte croissance.
Du côté des GHT, depuis le début de l’année, nous avons gagné de nouveaux marchés dans une quarantaine d’établissements avec notre dossier patient informatisé Sillage, notre portail de territoire eDen ou encore notre suite décisionnelle Magellan. Le nombre d’adhérents lui aussi n’a cessé de progresser depuis 2010, en passant de 180 environ à plus de 400 aujourd’hui. Notre activité globale concerne 600 clients.

Comment accompagnez-vous les établissements de santé et les GHT dans un contexte d’accélération de la numérisation de leurs pratiques ?

Nous avons adapté nos solutions aux contraintes et aux enjeux des GHT. Notre DPI multi-entités juridiques permet d’assurer la fluidité du parcours patient et la continuité des échanges entre les établissements d’un même GHT et hors les murs hospitaliers. C’est la raison pour laquelle plusieurs GHT ont fait le choix de renouveler leur dossier patient avec Sillage pour atteindre leurs objectifs de convergence des SI.
Notre portail eDen répond aux besoins des GHT dont le DPI n’est pas encore totalement convergent ou qui veulent échanger avec d’autres acteurs de santé, comme les établissements de santé privés d’intérêt collectif (Espic). Notre suite de pilotage médico-économique Magellan est aussi multi-entités juridiques et permet un réel pilotage décisionnel du GHT. Enfin, dans l’optique de la convergence des SI, nous accompagnons les GHT sur les volets de l’interopérabilité, de l’hébergement de données de santé, de la cybersécurité, de l’archivage numérique…
Nous sommes parfaitement en phase avec l’ambition du Ségur du numérique en santé qui consiste à généraliser le partage fluide et sécurisé de données de santé entre professionnels et usagers pour mieux soigner et accompagner.

La prise de conscience des établissements de santé de l’enjeu crucial que représente la cybersécurité a gagné du
terrain. Comment le SIB se positionne-t-il sur ce sujet ?

En tant qu’acteur historique de l’hébergement de données de santé en France, le SIB a placé la protection et la sécurité des données au cœur de son offre de services.
Notre accompagnement des établissements de santé passe par des audits, des conseils, de la formation et de la sensibilisation. C’est ce que nous avons notamment fait lors du premier confinement quand les hôpitaux ont eu recours au télétravail. L’ouverture massive des SI vers l’extérieur était un moment idéal pour des cyberattaques. Mais la sensibilisation seule ne suffit pas. Si une crise survient, il faut en effet être en capacité de bien la gérer, avec des outils adaptés pour empêcher la perte des données lorsque le SI doit être mis à l’arrêt. L’entraînement lors d’exercices de simulation de crise est primordial, dans la mesure où les éléments à prendre en considération en matière de cybersécurité sont multiples et renvoient à la surveillance des réseaux et de l’activité, à l’hébergement, à la sauvegarde et à la duplication des données, à la définition de plans de reprise d’activité (PRA)… Sur l’ensemble de ces sujets, nous apportons des réponses avec une équipe dédiée. Le SIB est implanté à Rennes et à Lille, deux métropoles fortement impliquées dans la cybersécurité. Nous avons également été la première structure de référence en numérique et santé à intégrer le pôle d’excellence Cyber de la région Bretagne.
Je tiens à rappeler que le plan France Relance prévoit des financements au travers de parcours Cybersécurité pour renforcer la sécurité des administrations, des collectivités, des établissements de santé et des organismes publics. Ces parcours permettent aux hôpitaux de mettre en œuvre rapidement un plan d’actions avec des mesures concrètes. Le SIB, en tant qu’acteur de terrain auprès des hôpitaux et des collectivités, est là pour les accompagner en la matière.

Où en êtes-vous de votre projet d’entreprise 2019-2023 ?

À mi-parcours. Nous sommes très satisfaits du chemin déjà réalisé et nous sommes globalement en avance sur notre démarche. Comme évoqué précédemment, notre objectif de compter 450 collaborateurs fin 2023 est déjà en passe d’être atteint. Par ailleurs, notre budget se porte à 48 millions d’euros pour 2021, là où nous visions 43 à 44 millions dans le projet d’entreprise. Celui-ci est en pleine accélération, ce qui va nous conduire à le revisiter et réorienter prochainement nos objectifs avec le conseil d’administration.

Avec toutes les transformations en cours, de votre GIP comme de l’écosystème de santé, quel SIB construisez-vous pour demain ?

Le SIB de demain restera le SIB d’aujourd’hui sur ses fondamentaux, c’est-à-dire une structure de coopération qui investit ses résultats dans la R&D, et pour laquelle les valeurs de respect, d’éthique, de solidarité et d’équité sont des principes de base. Nous ne sommes pas un centre de profit, nous travaillons au bénéfice de nos adhérents et clients et donc, in fine, à celui des patients et des citoyens.
Pour autant, le SIB transformé reste et restera en mouvement ! La convergence qui se poursuit dans les GHT et la mise en œuvre des plans nationaux pour accélérer la transformation numérique en santé vont conduire à terme au rapprochement des secteurs sanitaire et médico-social. Des structures comme la nôtre se doivent de développer des outils apportant des réponses à l’ensemble de ces établissements. Il nous faut aussi répondre aux nouveaux besoins de solutions intégrant des algorithmes d’intelligence artificielle. Nous allons présenter à SantExpo nos travaux basés sur l’IA, sur lesquels notre direction de l’innovation travaille depuis plusieurs mois. Il faut aider les professionnels de santé à gagner du temps, à être plus efficaces, tout en leur permettant de se concentrer sur leur cœur de métier.
Le SIB va aussi être très présent aux côtés des collectivités territoriales qui souhaitent être accompagnées sur des sujets transversaux. Les enjeux de cybersécurité pour les établissements de santé ou les collectivités territoriales sont à traiter en priorité. Autre sujet sur le plan du médical et de la prévention, la question de la responsabilité populationnelle. Depuis plus de trois ans, nous soutenons l’idée que le patient est d’abord un citoyen. Le SIB sera au centre d’une communication entre les établissements de santé et les collectivités locales. Si l’on veut faire de la prévention, il faut lier les deux. Nous allons passer du patient au citoyen, qui peut se retrouver patient à plusieurs étapes de sa vie. Nous ferons le point sur cette question à SantExpo le 9 novembre lors d’une agora.
Enfin, rien ne peut se faire sans prendre en compte les enjeux environnementaux rappelés haut et fort par le Giec. Ils guident nos réflexions depuis quelques années et seront au cœur des 10ᵉ Journées des adhérents du SIB qui se tiendront à Saint-Malo les 17 et 18 mars 2022. Elles auront pour fil conducteur le numérique responsable et mettront en lumière la nécessité d’intégrer les enjeux environnementaux dans l’ensemble des pratiques numériques actuelles et futures des acteurs du secteur de la santé au bénéfice des citoyens-patients.